La réponse de mon interlocutrice fut percutante. Elle me colla une gifle. Je stoppa la mienne à quelques centimètres de son visage lorsqu'elle me donna son point de vue. Elle à les mêmes arguments que ceux que j'expose, surtout lorsqu'on parle de l'urgence de nourrir et loger décemment les plus pauvres d'entre nous ou de récupérer nos libertés et aussi sur le plan arithmétique. Autant dire que des plans comme ça, j'en ai plein mais elle oublie de prendre en compte 2 paramètres qui font que ce n'est pas encore fait car les obtenir est plus compliqué qu'il n'y paraît. Soit je passe par la loi martiale mais à chaque fois que j'amène des infos qui craignent les autres généraux refusent car ils se doutent que le premier qui aura abouti son plan fera son coup d'état, que la loi martiale servira à faciliter le coup d'état du premier qui aura bien ficelé son plan sous couvert de réellement gérer une crise interne ou externe. Soit il me faut avoir convaincue l'immense majorité de mon orga or pour l'instant je n'ai que le quart malgré la série d'arguments basés sur des faits, des analyses et en jouant aussi sur le panel émotionnel, il y a une majorité de membres qui doutent et espèrent encore un peu au fond d'eux que le roi finira par comprendre et environ un quart qui reste extrêmement légaliste donc qui s'oppose à ce type de projet.

Je me demande ou est le piège ? Pourquoi me parle t'elle avec autant de franchise de quelque chose de connu quasiment que dans le monde militaire ? Un coup d'état est quelque chose de théorique, n'a jamais été tenté mais dont la mise en place est un crime. Confier à quelqu'un qu'on ne connaît pas qu'on en prépare un est dangereux car la personne peut vite dénoncer. En quoi ça l'arrange que je tombe ? Là comme ça je ne vois pas, sauf si elle m'estime trop curieuse, défaut constamment reproché. Je ne peux donc pas lui dire directement que j'en mijote un et l'exécuterai si une des deux conditions décrite au dessus se réalise. Il vaut mieux que j'y aille par l'angle théorique sans dire formellement que nous sommes littéralement prés à le faire mais le faire sentir car c'est malheureusement la seule issue à nos problèmes. Bon, je me lance :
« J'apprécie votre logique et votre franchise donc vais en profiter pour éclaircir la situation. Le coup d'état est pour l'instant un objet théorique, provoquant de grands rêves chez une bonne partie des généraux et hauts gradés. C'est presque une déformation professionnelle pour tout ange ayant à la fois des moyens financiers, une organisation politique, un bout d'armée qui lui fait confiance et un projet de société quel qu'il puisse être.
Autant dire que durant nos études, on s'amusait à en échafauder, à voir comment les contrer et ça faisait l'objet de rigolades tout en étant un bon exercice. Mais nous savons tous qui au sein du groupe d'étudiant est réellement porté sur ça car, qu'on le veuille ou non, chacun d'entre nous avons laissé des indices indirects. Je dirai que la moitié de l'état major n'hésitera pas à le faire, dés que les conditions requises seront mises en place.
Les conditions requises peuvent être de deux sortes : arriver à convaincre l'ensemble de son organisation de passer à l'acte ou la mise en place de la loi martiale. Les deux ont de gros obstacles à surmonter car cette notion fait toujours peur aux être non familiers avec car les risques en cas d'échec sont plus que mortel pour chaque être impliqué de prés ou de loin.
Nous savons, entre membres de l'état major et hauts gradés, que la loi martiale nous simplifiera grandement l'acte donc qu'une fois celle ci mise en place, celui qui gagnera sera le premier à le réussir. Au pire des cas nous essayerions chacun à notre tour et celui qui se maintiendra au pouvoir aura imposé son projet de société. Autant vous dire qu'il va falloir bien plus que les actions coups de poings, les grèves et sabotages que nous organisons actuellement pour l'obtenir ni les moments ou nous sommes en difficultés face aux démons, ni un mélange des deux. Le risque est trop grand, personne ne se sent à devoir juguler un coup d'état et encore moins plusieurs. »

Je fait une petite pause, le temps de boire un coup et de conclure :
« Je ne cherche ni à vous rassurer ni à vous inquiéter mais juste à mettre en avant une réalité qui est encore trop contraignante et qui est liée à la peur qu'ont la plupart des individus de se retrouver dans un monde qu'ils ne reconnaîtrons pas, à affronter de nouveaux défis. Pour une raison que j'ignore, la majorité des êtres préfèrent un connu qui les rends malheureux à un inconnu ou ils iront probablement mieux. C'est une question de caractère et tant que le rapport sera défavorable aux personnes aventureuses, nous aurons des sociétés qui s'immobilisent dans leur mal être. C'est la raison commune qui fait que pour l'instant aucune des deux voies d'accès n'est ouverte.
Il en rester une troisième mais c'est la plus chaotique : une guere civile. La faction qui prendra le pouvoir et instaurera son projet de société sera celle qui aura réussi à s'imposer par la force au milieu du chaos et à s'y maintenir. C'est la plus stressante à cause du chaos ambiant, du risque de voir des alliances se faire et se défaire, du nombre plus compliqué à calculer et à anticiper de pertes mais ça risque d'être la voie la plus facile à obtenir. »
Ensuite je reviens sur le sujet de départ :
« Ceci précisé, le seul intérêt pour un pays étranger d'attendre qu'un coup d'état ait lieu chez nous est que notre royaume cessera de s'affaiblir pour des raisons internes mais si vous attendez que nous réussissions ce tour de force, nous aurons une alliance moins solide lors de l'attaque des runiques. J'ajoute qu'il y a une chance sur deux qu'elle ait lieu avant le coup d'état. Pour augmenter les chances que cela se produisent plus vite...comment dire ? Pouvez envoyer des éléments perturber d'avantage mon pays pour accélérer le processus ? » Une piste de réflexion périlleuse mais intéressante. Jusqou'où peut aller le goût des intrigues d'un dröw ? Faire passer les dröws comme une menace extérieure supplémentaire à devoir neutraliser pourrait nous aider. Ce serait aussi un moyen de connaître leurs méthodes et capacités de nuisance. Il n'y a pas à dire, ce gâteau descends tout seul.