Alors que tout s'affole et que je n'ai plus l'impression de ne rien contrôler.
Da luk dum da num ika wakita owa
wakifa ika num owa gaha mwa
Elle disjoncte tyu pka wakata oma cloaw
ika wakita owa wakifa mwa
Je suis aveugle, noirceur
da luk dum da num ika wakita owa

La magie venait de se dissiper tout d'un coup. Sa rune le confirmait bel et bien. Il n'y avait plus aucun piste de courant d'air. Cela n'augurait rien de bon. La pièce était devenue une pièce totalement normale. Sauf une question lui venait en tête, si tout magie venait d'être annulé, comment les sentinelles pouvaient encore fonctionner ? La seule raison étant, et il ne fallait pas être un génie pour le remarquer, qu'elles étaient insensible elles-mêmes à la magie. Sa rune pouvait toujours les voir, c'était une confirmation. Elles s'approchaient de manière menaçantes. Sans magie, elle ne pouvait rien faire et un saut de cette hauteur, si elle retombait mal, c'était un plan pour de casser la cheville, voire sa jambe. C'était une belle impasse. En tout cas, Garyth, lui, tentait bien le tout pour le tout. Par chance, son aura était encore visible.
Notre jeune s'apprêtait à le rejoindre. D'un pas. *dub dub* son coeur entra en palpitation. Ayame empoigna sa poitrine et tomba sur ses genoux un peu en sueur. Sa rune se leva d'elle-même, elles approchaient toujours. Notre jeune convalescente restait était toujours essoufflée. Il fallait fuir, Maintenant! Péniblement, en sueur et essoufflée, Ayame parvena à se relever et sauta sur le sommet d'une étagère.

Toujours essoufflée. Qu'est-ce que ce passait ? Ce n'était pas arrivé au royaume elfique pourtant ? Ce n'était jamais arrivé auparavant. Peut-être qu'elle y était allée un peu trop fort. Notre jeune essoufflée retourna son attention afin de regarder les sphères flottantes. Celles-ci étaient maintenant au sommet de l'immense sphère, comme si elles examinaient une scène de crime. Ensuite, son attention se tourna vers Garyth qui, lui, fouillait, il se rendait vers le conduit. Évidement c'était le chemin à prendre, mais de la manière que les sphères agissaient, rien n'était garantis. Leur patrouille venait d'être annulée, rien ne garantissait qu'elles n'allaient être dans les conduits. Pense Ayame, pense! Qu'est-ce ce qu'elle pouvait bien faire pour remédier à la situation. Sa magie annulé et aveugle, il était impossible de retrouver le conduit d'aération de son côté.
Tu as vécu bien pire!
Son regard scruta les alentour.
Quoi !? La statue qui se trouvait à l'ouest n'était plus là.
Une présence étrange se trouvait derrière elle, par réflexe, notre jeune survivante sauta sur l'autre étagère aussitôt. La statue avait essayé de la capturer! Celle-ci aussi était insensible à la magie et pouvait bouger librement.
Ça craint. ksst!
Il ne fallait pas qu'elle perde Garyth de vue.
Sa rune voyait toute les autres personnes qui était en train d'évacuer.
Génial, sa réputation de wierdo allait être pire.
Les sentinelles continuaient leur recherches, Ayame continua de sauter d'étagère en étagère, puis retomba au sol.

Une dette, c'était la première fois que quelqu'un avait une dette envers elle. C'était bizarre qu'elle restait silencieuse un moment. Ce n'était pas vraiment le moment de discuter d'une dette lunatique. Il fallait déjouer le système de sécurité. C'était un fois impulsif, mais depuis quand Ayame n'était pas impulsive ? Elle s'était quand-même enfuite de sa chambre à l'infirmerie. Un chance, car c'était logique, que Garyth ait retrouvé le conduit. Elle hocha la tête pour signaler qu'elle avait compris le message, mais ne répondait pas plus que cela afin de se concentrer à partir rapidement. Notre jeune héritière grimpa sur une étagère pour s'élancer sur une autre étagère pour finalement s'accrocher sur le rebord du conduit. C'était maintenant le tour à Garyth. Cette fois, il n'y avait pas de vent pour l'aider à monter. Il allait devoir se montrer agile s'il voulait monter. Bien entendu, Ayame lui tendait la main afin de lui présenter une sorti.
Pour le moment, sa rune ne voyait pas de sentinelles à sa hauteur, donc dans le conduit. C'était peut-être qu'une question de temps. Il fallait faire vite!

- Nous en reparlerons plus tard, promis. Mais ze ne veux pas être prise izi et être punis encore! Dépêsses-toi!

Les puissants muscles de mes jambes se déploient et je quitte le sol, les bras étendus vers le conduit et la main offert par Ayame. Heureusement, malgré mon manque de sommeil et de nutrition, mon corps répond toujours aussi bien à mes commandements. J’attrape le rebord de l’ouverture et la main tendu simultanément mais efforce de garder mon poid d’avantage sur le conduit, de peur d’être trop lourd pour la jeune femme. Quelques grognements d’efforts plus tard, nous nous trouvons tout deux à l’intérieur du conduit, éperdument essoufflés.
Ayame referme soigneusement la grille et dans son visage, je perçois la peur et une teinte de colère, ce qui ne fait qu’attiser les charbons de mon remord.
Nous entamons sans mot dire le long périple à l’intérieur des multiples conduits d’aération bien que, cette fois, nous ne prenions autant garde qu’à notre première traversée.
L’atmosphère est palpable. Notre angoisse collective résonne pratiquement le long des étroits corridors métalliques, complimenté par ma radiance éblouissante. Le brouhaha de pas précipités et de cris transperce les murs et ne présage aucunement le succès de notre évasion. Néanmoins, nous redoublons simultanément d’efforts afin de rejoindre la salle de rangement, la pièce salvatrice.
Le tome me tenaille le ventre depuis sa place à l’intérieur de ma ceinture. Sa présence me rassure malgré le péril qui nous guète de toute part. Dans ce livre se trouve la clef de mon existence, l’unique source d’espoir donnant raison à ma survie. L’acquérir vient assurément de me placer une énorme cible sur le dos mais je crois que le risque vaut la peine.
Toutefois, je ne peux dire de même pour Ayame… elle s’est jetté tête première dans le danger à mon égard, et sans la moindre hésitation. J’éprouve un ensemble de gratitude et de culpabilité envers elle… Son acte d’altruisme n’a reçu comme récompense que la pleine force de mon état émotionnel déstabilisé.
Pauvre idiot…

Retour à la case départ. Là où le compte à commencé, là où tout à commencé. Ténèbres, ombre qui me suit depuis tant d'années à travers mes cauchemars.
Un, deux, trois, je n'ai d'autre choix
Quatre, cinq, six, il me fixe.
Toujours, toujours, encore et encore.

Le pire était passé, enfin, il était temps. Son angoisse commençait à baisser, doucement. Il n'y avait plus de ces vulgaires de yeux volants! Ayame ne se sentait plus épié, elle se sentait enfin libre de faire ce qu'elle voulait. Cette grosse statue, elle faisait donc bien peur bon sang! Merde. Il y avait ça, comme ça dans l'académie. Une statue capable de pourfendre quelqu'un. Ayame se demandait si elle pourfendait vraiment les élèves, mais après cette idée parti aussi rapidement qu'elle ait venue. Elle pensait plus à quitter ce conduits avant que sa claustrophobie commence à se manifester. Sa rune scruta chacun des recoins afin de voir s'il n'y avait pas de mauvaise surprise. On n'était jamais assez prudent. À droite, à gauche, elle ne voyait rien d'anormal. En haut, en bas, pareil, c'était le calme total. On pouvait y entendre pratiquement un silence morbide, son propre coeur battre.
Si ce jeune homme ne faisait pas autant de lumière, Ayame commencerait à angoisser à cause de sa peur du noir. Heureusement qu'il était là. Ayame ne savait pas en quoi il lui devait une dette, est-ce que le fait qu'il illumine le conduit payait sa dette ?
À voir.
Il lui devait des biscuits ?

Une grille s'ouvrit, notre jeune convalescente espiègle se laissa tomber afin de retomber au sol. Une salle de rangement encore. Ce n'était pas la même, il y avait moins de caisse et plus d'objet pour nettoyer. De sa rune, avec un air assez un peu curieux, elle regarda les menaces environnantes. Pour l'instant, il y en avait pas. Était-ce une chance ? Probablement. Rien. C'était bizarre. Depuis quand il n'y avait pas quelqu'un ou quelqu'un sur une étage. Ce qu'elle ne savait pas, sa rune commençait à clignoter de manière étrange. Le fait qu'elle ait disjoncter peut-être ? Ayame trouna la tête dans le but de trouver des signes de vies : personnes. C'était quoi cette merde. Sa rune faiblissait de plus en plus. Sa lumière devenait de plus en plus faible. Aveugle, elle était aveugle. Ces mains, ces cent' yeux! c'était de leur faute! Oui! c'était ça. Terreur, effroie, angoisse, Ayame commençait à stresser et devenir de plus en plus anxieuse. Même sa rune l'abandonnait! Et quoi encore !? Sans sa rune? elle n'était plus rien. Sa rune s'affola à cause du stresse qu'elle vivait. Son coeur battait de plus en plus. Sueur froide, essoufflement, crise de panique. Sa phobie du noir, elle était dans une pièce clos, sa claustrophobie commençait à prendre de l'emprise sur elle.

Sa poitrine commençait se gonfla et se dégonfla rapidement à plusieurs reprise. Elle s'apprêtait à crier, mais personne ne devait l'entendre. Elle allait alerter tout le monde. Retiens-toi Ayame. Ses jambes commençaient à devenir molles. Ses muscles allaient flancher. Ses souvenirs remontèrent. Ces foutus yeux! Ces foutus sentinelles qui la surveillaient par dessus tout. Était-elle toute seule ? Il fallait qu'elle se calme, mais elle en était complètement incapable. Avec une difficulté hors du commun, notre jeune convalescente mit sa main contre sa bouche. En pleur et en panique, elle était sur le bord de la crise de nerf. Respiration, Respiration, Respiration...
Respiration!
Sa poitrine gonfla et se dégonfla à une vitesse effrénée.  
E...e...e. ..ee...
*Dud dub* Son coeur s'arrêta subitement.
Lorsqu'elle vint pour pousser un cri, son regard devint aussi vide que celui d'une personne sans âme. Sa rune craqua et se brisa en de milliers de particules. Ces particules volèrent comme de la poussière d'étoile bleuté et turquoise et disparurent doucement sous un magnifique spectacle.
Notre jeune convalescente hystérique tomba à genoux puis s'écroula au sol, inerte. Son coeur battait très lentement.

Ayame s’effondre lourdement devant moi avant même que je puisse m’extirper du conduit et une vague d’angoisse m’emporte. Je m’hâte vers elle.

“Eh… Ayame? Est-ce que ça va?”

Je la roule tant bien que mal sur son dos, prudent de ne pas la blesser. Je la secoue légèrement, “Ayame! Réveil toi, bon sang!”
Ses yeux sont ouverts mais plus vides que jamais et sa rune est... elle craque. Elle se brise en mille miettes!
Les éclats magiques virevoltent en un nuage chatoyant complimenté de ma propre luminosité.
Le spectacle me laisse figé sur place, bouche-bée.
La sueur perle sur mon front et le son des grosses goûtes heurtants le sol lustré brise le silence.
J’observe mon guide sans mot dire. Je m’attends presque à la voir reprendre conscience à tout moment mais chaque seconde déçoit d’avantage mes attentes.

‘Que s’est-il passé? Est-ce stresse? Est-elle épuisée?’

Je ronge l’ongle de mon pouce alors que la terreur s’empare à nouveau de moi. Cette femme… elle m’a assisté dans ma quête sans demander quoi que ce soit en retour. Elle s’est mit en plein danger pour moi, un parfait inconnu. Et maintenant…
Je me penche au-dessus d’elle et place deux doigt sur l’artère dans son cou. Un léger battement m’informe qu’elle est toujours en vie mais son corps est couvert de sueur. Sa vie est en danger. Je le sens. Et malgré toutes mes connaissances, je ne saurai la sauver. Elle semble être dans un comas.
Mais pourquoi?

Je sais ce que je dois faire. Mes membres tremblent d’anticipation mais je doit à Ayame déjà beaucoup plus que ce que je pourrais jamais lui offrir.
J’ouvre la porte de la petite salle avec le corps de la femme sur l’épaule. Le couloir est inondé de lumière bleu mais je le remarque à peine. Je dois trouver quelqu’un qui peut l’aider. Elle doit rester en vie. Elle le doit!

“Tiens bon,” je chuchote à son intention, “Je vais trouver une solution.”

Le silence est roi
Le silence est d'or
Le silence est la vérité

Les sentinelles et les mages sentinelles et sensorielles étaient tous à leur recherches. Afin d'éviter de les gêner, le personnel de l'infirmerie avait eu pour ordre de ne pas interférer jusqu'à ce que ces derniers les retrouvent. Ayame n'était pas seule, sa magie avait été utilisé récemment. Elle avait été son sort de contrôle des courants d'airs. Ce sort demandait beaucoup de concentration et de minutie. Elle pouvait se blesser n'importe quand. Lorsque cet information fut révélé, le personnel n'avait pas le choix de la retrouver aussi rapidement que possible. Malheureusement, sa magie était un peu partout dans l'académie. Cette gamine c'était jouée d'eux!
Sa magie faiblissait un peu partout. Qu'est-ce ce qui se passait. La magie pouvait se dissiper avec le temps, oui, mais comment ça partout ? Il lui arrivait quelqu'un chose!

Après quelque temps pendant les recherches, un duo de mage sentinelles passèrent dans le couloir  accompagné de deux sphère qui, eux, surveillait les alentours avec une vue de 360°. Ces derniers passèrent à côté deme l'inconnu qui semblait totalement paniqué. Quelqu'un était sur son épaule.
Mais c'était Ayame.
Le duo informa ensuite les autres pour les informer qu'il avait trouvé les deux fuyards, mais aussi l'infirmerie pour Ayame. Aussitôt le message fait pas télépathie, trois mage guérisseurs apparurent par téléportation face à Garyth et Ayame, aux côtés du duo de mage sensorielles. Une femme prit ensuite Ayame alors que son collègue jeta un sort de silence sur Garyth afin de baisser sa luminosité, mais aussi par précaution. L'infirmière regarda la jeune femme à l'oeil de rune en demandant se qui lui avait prit de faire ça. Le personnel voulait seulement sa protection. Cette dernière dégagea les cheveux qui cachait une partie du visage de l'héritière.

- Aw ma petite Ayame, qu'est ce que tu as encore fait ?

L'infirmière mit sa main sur le front d'Ayame alors que les deux autres commença à interroger l'individu illuminescent. Les bras croisés, les questions pleuvaient à flots. " Où est-elle ? Lui avez-vous fait du mal ? "
Ainsi d'autres questions sur le fait qu'ils étaient tout deux à la bibliothèque au même moment. Tout à coup, la soigneuse rétorqua qu'il fallait rapidement l'amener au soin intensif et en réanimation!

- Ksst! Tu as de la chance, tu nous suis. Dit l'un des soigneur qui semble un peu plus énervé.

Une fois au soin intensif, le petit groupe mit Ayame sur un lit afin de brancher avec leur magie afin de la maintenir en vie. L'un des guérisseurs avait pour mission de réanimer le pouls de la jeune femme au cheveux bleu. Tandis que l'infirmière en chef, donc la chef du trio, ouvrir l'oeil droit d'Ayame, toujours inconsciente. À son plus grand effroie, elle découvrit à sa plus grande stupeur que sa rune n'était pratiquement plus là. Elle s'éteingnait, petit à petit.

- Sa rune est pratiquement imperceptible! C'est à dire qu'elle est pratiquement vidé de ses réserves. Dit la soigneuse.

- En pourcentage, combien lui reste-t-elle ?

Après un long silence, elle répondit
- Un peu moins de 1% ...

- J-je ne croyais même pas cela possible..

- Moi non plus, elle est dans un état critique. Elle pourrait perdre ses pouvoirs à jamais.
Finit-elle attristée de la voir dans un tel état. Vite! il faut lui redonner de la magie!

L'un des deux mages soigneur déboutonna assez rapidement les boutons au niveau du buste de la jeune patiente.
Les mains de celui qui était chargé de réguler son pouls devinrent remplit d'électricité et ce dernier posa ses mains sur la poitrine de la patiente. Un violent choc gonfla sa poitrine comme s'il s'agissait d'un défibrillateur. Alors que maintenant plusieurs petites incision se firent pour brancher Ayame avec des ojects étranges afin de réajuster son taux.
Finalement, environs 2 heures plus tard,  celui qui voulait interroger le nouvel individu sorti de la chambre de réanimation afin de le voir.

- L'état d'Ayame est redevenu stable. Je m'appelle Edirick. Dit-il où il semblait soulagé.  Aphaen est une guérisseuse hors du commun, tu n'as pas à t'en faire. Hormis tout ça, J'aimerais savoir ce que tu fais ici ?

Le poids sur mon épaule droite épuise d’avantage mes force avec chaque pas. Ma vision s’embrouille et j’ai peine à respirer. Le sol s’avère de plus en plus glissant, mon pèlerinage de plus en plus ardu.
Mon pied glisse. Je titube un instant avant de regagner mon équilibre.
« Ne… ne cède pas… Ayame… »
La femme inconsciente sur mon épaule respire à peine. Son corps est froid, sans vie.
« Je suis… désolé… »

Mes membres me trahissent te marbre lustré m’accueille de plein fouet. Le choque envoie mon esprit danser dans les bras de l’abysse, accompagné par seul la lumière de mon être. Je suis seul… enfin… si léger, si paisible. Mon périple arrive à sa fin.

« Non, Erwin! Tu n’y pense pas! »

Cette voix… ne m’appartient pas. Elle surgit des tréfonds ineffables de mon subconscient. Elle s’approprie ma personne, mon existence, mes senses.

« Comment peux-tu dire des choses pareilles?! N’as-tu aucune compassion pour moi? Pour ton enfant?! »

Maintes visions s’offre à moi et un particulier sentiment de nostalgie m’inonde. C’est tout comme si une parcelle perdue de ma mémoire m’est accordée, comme les détails d’un vieux rêve refaisants surface après des années.

« Non, TU ne comprends pas!! Si tu pars, je… je n’ai tout simplement plus de raison d’être! »

Je ressent le sol sous mes pied. Il est froid, mais pas comme le plancher de marbre de l’académie. On dirais… du bois. Oui, du bois.
Une réconfortante teinte rougeâtre semble percer l’espace flou autour de moi et, comme atteint d’une curiosité vide de volonté, j’étends ma conscience en sa direction.

« Je m’en fiche bien!! S’ils te veulent du mal, eh bien qu’il me tue aussi!! »

Peur, angoisse, haine et deuil m’assaillent simultanément et je m’écroule sur le plancher de bois, broyé sous l’attaque d’émotions. Mon visage est rapidement noyé par les larmes, mes ongles creuse mes temples, ma mâchoire est crispé jusqu’à fracturer mes dents.

« Ne pars pas… ne me laisses pas… »

Les mots sortent de ma bouche d’une voix tremblante. Je lève les yeux vers mon interlocuteur mais ne vois qu’un reflet bleuté se tenant au fond de la rustique cuisine de ma maison. La nappe est toujours sur la table. Le soleil couchant étend le bras à travers la pièce comme pour retarder son départ.
Je ressens mon coeur être taillé en pièces en moi-même alors qu’un espoir étranger attise mon affection pour l’inconnu devant moi. Je ne veux pas qu’il parte. Son silence m’étripe, son indifférence me tue mais je ne veux pas qu’il parte.

« Si tel est ton désire, » j’articule chaque syllabe tel un peintre appliquant les dernières coups de pinceau à son Magnum Opus, « alors tue moi. »

L’homme devant moi s’approche soudainement de moi, si près qu’une vague de chaleur m’inonde lorsque son souffle rencontre ma peau. C’est alors que j’entends sa voix pour la première fois.

« J’ai vu naquirent chaque mont, vallée et océan. J’ai façonné les traits mêmes de la planète des peuples anciens et futurs. Je connais chacune de ses crevasses, abimes et falaises comme s’il s’agissait de ma propre progéniture. Mais Gladys, mon amour pour toi est plus profond que la mer, plus élevé que les montagnes. Jamais mon âme n’a été animé d’une tel affection. Ma vie avec toi ne fût qu’un court instant au court de mon existence mais je considère celle-ci désormais accomplie. Alors je t’en supplie: vis. Je ne désire rien d’autre que ta protection. Mon sacrifice n’a pour but que ta survie, mon amour. La tienne et celle de notre enfant. »



« L'état d'Ayame est redevenu stable. »
J’écarquille les yeux. Un épais brouillard domine mon esprit. L’homme qui se tient devant moi est flou, malgré sa proximité. Je note les couleurs vives de ses habits mais mes yeux refusent de m’accorder plus de détails mais je remarque que l’homme me fixe intensément. Son regard ne porte étrangement aucun préjudice; l’attention libre de malice me laisse plus que perplexe.
Je suis assis — ou plutôt placé — sur une chaise de bois sans appuis-bras, au milieu d’une chambre stérile et métallique. Mes membres ne sont pas restreint mais la présence intimidante ne m’offre aucun doute sur ma fâcheuse position. Cependant, quelque chose dans le visage de plus en plus définie de mon interlocuteur me pousse à la confiance.
Il ouvre la bouche une fois de plus et je sursaute assez pour me faire sortir complètement de ma torpeur.
« Je m'appelle Edirick. Aphaen est une guérisseuse hors du commun, tu n'as pas à t'en faire. Hormis tout ça, J'aimerais savoir ce que tu fais ici. »

Ce que je… quoi? J’ai peine à me remémorer les événements précédant ma troublante vison.
« Uh… je m’appelle Garyth. Je suis fermier. Je suis ici pour… »
Je réalise subitement que l’éclairage de la pièce est naturel. Enfin… c’est à dire qu’il ne provient pas de ma personne.
Je me dresse sur la chaise de bois. Mon corps brille toujours mais la clarté est infiniment plus docile qu’à son habitude. La réalisation n’aide pas ma confusion.
« Je suis… je veux… le livre. » Je relève les yeux vers ceux de mon interlocuteur, brusquement ramené à la réalité. « Je veux un livre de science. Je veux apprendre sur ma nature. Je veux… » Je soupire légèrement. « Je ne peux vous en parler d’avantage. Je suis désolé. Mais j’ai une mission à accomplir. »
Le grand homme me scrute toujours du même regard vide de méchanceté mais ne souffle mot. C’est alors qu’un certain aspect de ma visite ici se présente à mon esprit. Je prends la parole d’une voix chargée d’hésitation.
« J’ai… j’ai commis de graves action en votre établissement. » Je baisse la tête. « J’en suis conscient. Je vous offre mes plus sincères excuses. Mais… », je me dresse de toute ma taille sur la chaise, « j’ai fait ce que j’avais à faire. On me chasse, Monsieur. Je suis… un monstre. Une erreur de la nature. Mais je dois à une être cher de vivre et… eh bien… de venir à bout de la quête que j’ai entreprit. »
J’ai peine à plonger mon regard dans le sien. « Je vous en conjure: accordez-moi de poursuivre ma quête. » J’ajoute, non sans un pincement au coeur, « Je vous rendrai le livre… mais laissez-moi partir.»

Ce garçon semblait totalement perturbé par les événements qu'il venait de vivre. Ce n'était pas anormal, il venait de faire tout un boucan dans l'académie au point d'avoir fait sonner l'alerte, mais peu importe ce qui s'était passé, une chose était sûr, il avait sauvé une vie. Le fait d'avoir ramenée Ayame lui avait sauvé la vie. Qu'est-ce que qu'elle faisait avec lui ? Le personnel médical ne le savait pas. Elle s'était enfuite, encore... Pourtant, tout ceci était pour sa sécurité. Il se retourna afin de voir la jeune élève. Son état était stable, mais elle était toujours en proie de ses vilains cauchemars. Son sommeil se voyait être assez agité.
Il pouvait être perturbé comme il le souhaitait, il pouvait s'en vouloir tout autant, Garyth restait un héro pour l'avoir sauvé. Ce n'était pas un crime grave, il n'y avait aucun blessé, sa rédemption fut déjà faite.

- Votre quête ? Pour le moment, si tu veux que nous l'enlevons ce collier, tu vas d'abord apprendre à maîtriser tes pouvoirs, dit-il en se retournant vers Garyth. Tu vas te rejoindre à l'académie. Si tu refuses, L'académie te verras comme une menace à éliminer et tu seras traqué.
Il continua. Mais tu l'as ramenée, tu vas rester, n'est-ce pas ?
Elle a besoin d'un ami sur qui compter.

Une dernière fois, avant de partir, il jeta un coup d'oeil à Ayame qui était de poursuivre ses traitements. De l'autre côté, les deux autres prenait soin de la jeune patiente, il calculait sa pression, ils regardaient son pouls, serviette d'eau froide etc. Mais le plus troublant, c'était lorsqu'il calcula le taux de particule magiques dans son sang. Pourtant, sa magie était à zéro. Son taux de particule au nanomètre était phénoménale! Abasourdi, l'homme demanda à la guérisseuse de regarder à son tour.
- Regarder, Aphaen, ton taux de particule est hallucinant! Serait-ce une erreure ?

- J'en doute, dit-elle en regardant Ayame endormie. Ce serait une première, tout comme ce taux. Même vidé, son potentiel reste largement supérieur à plusieurs de mes élèves.

- Que voulez-vous dire ? Demanda-t-il.

- Son taux de particule dépasse même le mien...

Le guérisseur n'en croyait pas ses yeux et se retournant aussitôt vers Ayame. C'était donc ça Ayame ? Elle avait su déjouer la sécurité et aussi elle avait réussi à duper tout le monde.
- C'est du jamais vu, même nos premiers de classe n'ont pas un tel taux! De plus, personne n'a jamais réussi à déjouer le système de sécurité!

- Elle est spéciale, c'est tout. Nous avons une surdouée il faut croire.

- Comment allons-nous appeler cette échelle ? Demanda-t-il.

Aphaen regarda la jeune élève, ses cheveux bleus, ses yeux fermés. Si paisible et inoffensive. Elle savait, elle avait un potentiel de fou. Peu importe ses obstacles, Ayame allait passer outre afin de devenir plus forte afin de toujours monter, comme dans la bibliothèque. On ne pouvait pas voler dans l'académie, mais elle avait réussi à trouver une manière de s'adapter.

- Je suis sûre, comme un phénix, elle va renaître de ses cendres. Ce palier, on le nommera : Empyrean.

Ayame, ayame où te caches-tu encore ? Je ne te ferai pas de mal, me dit-il. Prends ma main nous allons jouer. J'en ai essaie de jouer à cache-cache! ajouta-t-il en frappant ma commode. Désolé, désolé! Je ne voulais pas de faire peur... Je ne suis pas un monstre, Ayame...
Je sais qu'il regarde ma photo.
Je veux seulement que tu sois à moi.
Et moi dans tout ça ? Où me cachais-je ? Si seulement je pouvais me cacher dans une autre dimension pour lui échapper. Mon frère me terrorise! C'est un monstre, c'est sûr qu'il est te monstre. Comment peut-il me faire ça ? À moi, sa propre soeur! Il m'a sauté dessus comme une bête enragée – comme un loup je dirais. Il a même déchiré la bretelle et une partie du buste de ma robe qui me sert lors de mes séances de prières. Grand-mère, aidez-moi... S'il vous plait! Il va ENCORE me faire du mal.
À travers de la petite faille entre les portes de mon placard, je le vois, ses yeux jaunes, il veut encore... me souiller. Je couvre mon petit sein. J'ai peur. Mon coeur va exploser ma poitrine.

Je vais compter jusqu'à dix! Cri-t-il. Si tu ne sors pas, je vais leur faire du mal! Un!
Oh non! Qu'est ce que je dois faire maintenant ? Si je ne sors pas, que va-t-il à mes parents ? Père... mère... Mes yeux s'écarquille démontrant mon impuissance. Mes souvenirs remonte en moi. Vais-je encore revivre ce cauchemars ? Vais-je encore revivre le jour de mon anniversaire où ce clown m'a touché ? Je pose ma main tremblante contre ma bouche. Je ne dois pas faire de bruit. 2! Je l'attends comme s'il me siffle ce chiffre horrible à mon oreille. Je sens... je sens quelques chose de glacial sur mon épaule. 3...4... Une déformation, il me cherche toujours, pourtant, j'ai l'impression qu'il est devant moi pour me mettre de la pression. Ces chiffres sont un véritable cauchemars! Je suis sur le point de faire une crise de nerf, mon coeur commence à se débattre de plus en plus derrière mon petit sein. 5! Ce compte à rebours va me tuer. Son sourire sournois devient de plus en plus malsain et machiavélique. Cette image déforme qui me dévisage. Cette chose glacial se répend, ma main inerte tombe doucement, sans énergie pour lutter. Cette sensation glacial saisit alors mon petit sein gauche nu. 6! Mes yeux se tourne vers cette sensation froide qui me saisit, je vois un truc rond, un nez rouge. Il se tourne ensuite vers moi. Mmmmrh! Ma voix étouffer derrière ma main, ma respiration accélère, ça y est, il va me trouver. 7! 8!
Compte compte chaque chiffre morbide, on dirait qu'il approche.
Il me touche, il caresse. C'est mon sein, dis-je en les courants, je sais qu'ils sont petits, ça me complexe déjà. Il pince ma pointe, il lèche. Je dois fuir. Mais comment ? Si je sors, il va me faire du mal, je le sais! 9... C'est glacial, je ne peux plus lutter, je le sens, mais jambes ne peuvent plus résister... ma culotte rouge... il touche àl'intérieur... non! non!
10... dit-il avec un sourire des plus satisfait. Tu es là, Ayame.

Les portes se referme derrières moi. Il est devant moi. Il semble ravie, il jubile à l'idée de me revoir. Il me dégoûte ce monstre! Comment ose-t-il me faire cela ?
Tu es le monstre qui m'hantes depuis mon enfance innocente. Il s'approche, pas à pas. Il me touche, comme si j'étais la seule pour lui. Partout, partout, il me salie, encore. Ma vie est donc pour cela ? Je sers donc à cela ? À souffrir et à être offert à un monstre pour rassasier sa soif et sa faim de chaire!
Eh, Merde! Donnez à ce monstre une vierge!
Eh, Merde! Donnez à ce monstre une vierge!
...
ah ~
ah, ah ~
ah, ah, ah ~
Arph, argh, argh!
Raarggh!!
KYAAAAAAAARGGH!!!

Je ne sais soutenir le regard intense d’Edirick très longtemps. Je maudit mon manque d’assurance alors même que ce dernier me présente son ultimatum, aussi naturellement qu’un parent grondant son enfant après un caprice.

« L'académie te verras comme une menace à éliminer. »

J’ai un pincement au coeur mais il a raison sur un point: je ne contrôle pas mes pouvoirs. Je peux assurément apprendre à les maîtriser de mes propres moyens mais à quel prix? Je serait condamné à une vie de fugitif, avec ou sans cette Académie à mes trousses.
Je tâte du bout des doigts le métal froid du collet autour de mon cou puis le remue furtivement afin d’alléger la pression exercé contre ma gorge. Cet objet tout droit issue d’un autre monde a apparemment pour effet d’atténuer non seulement mes pouvoir mais aussi ma clarté corporelle. Pour la première fois depuis une éternité, je peux voir les réelles couleurs de la pièce, dénudé de corruption bleutée. Malheureusement, celles-ci ne consistent que de diverses nuances de gris et de brun.
Edirick tousse doucement et je me retourne vers lui d’un coup, extirpé de mes réflexions.
« Tu l’as ramener. », affirme-t-il d’un ton à la fois reconnaissant et mystérieux, « Tu vas rester, n’est-ce pas? »
J’écarquille les yeux. Désire-t-il sincèrement me voir rester à l’académie? N’ai-je pas mis plusieurs vies en danger, aujourd’hui? Ou veut-il simplement me garder en laisse, me tenir sous son emprise? Peut-être m’offre-t-il cruellement l’illusion du choix alors que ses compagnons et lui n’attendent que j’émerge de la cellule pour m’abattre.

« Elle a besoin d’un ami. »

Edirick doit avoir remarqué mon changement d’expression car il souris. Son visage de révèle que compassion et intégrité.
Ayame. Comment ai-je pu la laisser échapper mes pensées? Edirick a mentionné sa condition stable plus tôt mais je ne crois pas qu’elle ne soit en bon état pour autant. La jeune femme attisait en moi un sentiment étrange. Une sorte de présence, claire et définie, tel un sentiment de nostalgie que l’on éprouve parfois en voyant quelque chose pour la première fois. Cette présence m’accompagna depuis mon arrivée à l’Académie et depuis les événements à la librairie, celle-ci disparue complètement. Malgré mes plus grands efforts, je n’arrive pas à retrouver le sentiment. Je crains pour la vie de mon amie.

Mon… amie.

« Oui, je vais rester. »


Ayame a risqué sa propre vie pour moi, un parfait inconnu, sans explications ou motivations. Je lui en dois plus que ce qu’elle ne pourrais jamais imaginer. Si je peux l’aider dans son épreuve, ne serait-ce que de loin… je lui dois bien ça.
Et au son des mots quittants mes misérables lèvres, un but trouve refuge en moi, une raison d’être, si éphémère puisse-t-elle bien être.