Nous retournons à l'herboristerie avec notre blessé grave, Förn et demande comment vont les autres. Le jeune elfe qui m'accueille m'explique que les soins ne sont pas finis et  m'invite à le déposer sur le lit.
Elynra somnole dans un fauteuil et le couple d'herboriste s'occupent de Vilnius. Je m'approche d'elle doucement et lui saisi la main ce qui la fait sursauter et gémir. Je lui fait signe de rester discrète et lui demande :
« Comment allez vous ?
-Ca va aller. Et pose son regard sur les deux larbins blessés avant de me dire :
-Vilnius s'est évanoui juste après votre départ, il va plus mal que ce que je croyais. Et Förn ?
- Il n'est en vie que grâce à la forêt. Ne vous inquiétez pas pour eux, ce ne sont que des...soldats après tout, ils sont remplacables. Est elle choquée par ce que je viens de dire ? Pourquoi ? Elle hésite à me répondre puis me dit :
- En théorie c'est le cas. En pratique...les missions effectuées ensemble créent des liens qui sont forts et indépendants de nos grades respectifs.
- C'est pour cela qu'il ne faut jamais garder auprés de soi les mêmes soldats. Cela nous rends vulnérables. Elle me pose une question à laquelle je cherche une réponse :
- Mais dans ce cas là comment repérer et former les meilleurs éléments ?
- J'y réfléchi car nous devons éviter toute vulnérabilité. En améliorant la communication et les ciblages entre officiers ? Comme ça nous pouvons faire circuler de régiment en régiment les meilleurs éléments.
- Mais cela ne fera pas disparaître cette vulnérabilité, elle se nouera entre les officiers et restera présente entre les soldats. La seule qui disparaitra sera celle lié au lien entre officiers et soldats.
- Les uns comme les autres sont remplaçables mais vous avez raison, cela ne suffira pas. Nous reprendrons cette discussion plus tard. Je vous envoie une charette pour le transport des blessés. »
J'appelle les deux larbins indemnes d'un rapide « Allez vous deux. On y va. » en leur montrant nos proies endormies et ligotées et quittons l'herboristerie après avoir posé une grosse bourse de rupees sur le comptoir. S'ils ont besoin de plus ils sauront où nous trouver.

Les deux larbins attachent les proies sur le tigre d'un des blessés puis nous repartons ventre à terre direction l'Arbre de Vie. Cette courte discussion m'a rappelé à quel point ma situation est précaire car seuls les généraux sont irremplaçables car ils cumulent longues études et expérience et se mettent rapidement à détenir d'intéressants secrets. Ce poste fait rêver les plus romantiques d'entre nous. Il est trop prise de tête et contraignant à mon goût. Nous ne ralentissons qu'une fois en vue et des gardes récupèrent mes proies pendant que nous déposons nos tigres à la fauverie. J'apprécie toujours ce moment ou je peux le câliner, le chouchouter, le féliciter mais, comme c'est souvent le cas lorsque je rentre de mission et non d'une simple ronde, je reçois la visite d'un homologue.
Ce coup ci il s'agit d'Elmyr Fümzek, commandant des fantassins qui vient me féliciter tout sourire et accompagné par le capitaine Racoon Bindawëll, le frère d'Elynra qui me demande des nouvelles de sa sœur. Je remercie le commandant et n'est aucune difficulté à rassurer le capitaine qui s'occupe aussitôt d'envoyer une charrette avec un guérisseur et quelques soldats qu'il escortera surement lui même.
Je quitte la fauverie avec Elmyr qui décide de m'offrir à boire donc filons au mess des officiers et le laisse me payer le pichet de vin de la forêt Jaluil, un vin de qualité qu'il affectionne. Je ne suis pas dupe de la manœuvre : il veut me faire boire pour savoir si je convoite la place qui vient de se libérer. Elle serai pratique car gérer la sécurité de l'Arbre de Vie me donnerai accès à toutes sortes de renseignements organisationnels aussi bien sur les affaires intérieures que diplomatiques. Cela me donnera plus de travail car il est hors de question que je quitte l'archerie montée mais aussi plus d'influence car pourrai me rapprocher de conseillers intelligents et pouvant partager mes intérêts.
Aussi, je fait ce que je fais de mieux : répondre sans réellement cacher mon désir mais en laissant croire que je ne compte pas forcer la chose. Il a du mal à me croire et le fait qu'il espère être sélectionné saute aux yeux même s'il me fait poliment comprendre qu'il ne le souhaite pas et préfèrerai viser un autre poste. Je ne lui rappelle pas que je sais qu'il envisage de devenir général, d'où sa reprise d'études. Il ne me croit pas lorsque je lui rappelle que je trouve ce poste trop en vue car trop politique donc trop contraignant alors que je suis parfaitement sincère : mentirai je si bien que ça ? Je n'essaye pas trop de le convaincre, sinon il pourrai deviner que j'ai essayé de noyer le poisson en début de discussion. De plus, j'adore semer des fausses pistes sur mes intentions, c'est toujours pratique et donne plus de liberté.
Lorsque nous avons fini notre pichet de vin, je retourne à la fauverie chouchouter Ash en attendant le retour de mes elfes, enfin surtout de la capitaine Elynra Bindawëll que je dois féliciter de préférence devant son frère, cela marquera sa supériorité.