Je me réveille en ayant froid et faim ce qui me met toujours de mauvaise humeur. Oura'Nos se penche sur moi avec un sourire moqueur. Ca faisait longtemps qu'il ne l'affichait plus, ça m'a manqué. Il me dit en rigolant :
« Tu as bien dormi ? Question habituelle.
-Oui. Pourquoi ? Il essaye d'effacer son sourire moqueur.
-A ton avis ? Comment te sent tu? Je m'assied en grelottant donc il me pose une autre couverture sur les épaules et me frictionne. Il me cache un truc alors que je suis toujours de mauvaise humeur lorsque je suis malade. Je la laisse transparaître.
-J'ai froid et faim. Ca m'empêche de dormir. Je veux vite guérir, ça s'éternise.
-Les médecins estiment que tu te rétabli bien. Laisse toi le temps. Tu travaille trop pour quelqu'un dans ton état. Ca fait quoi...une grosse semaine que je n'ai plus de vie et il ose me dire que je travaille trop ? Je maugrée
-Question de point de vue. Crache le morceau. Il part en fou rire, ça me calme sur le coup. Il prends quelques minutes pour se calmer et me dit :
-Le général Rtan'Heinz York veut te parler en urgence. Il t'attends dans le salon depuis une demie heure. Hein ?Quoi ? Déjà ? J'étouffe un rire nerveux.
- Il a parlé de quelque chose ?
- Il t'attends, il est en colère. Il est suffisamment inquiet pour être venu avec sa garde qui entoure notre manoir. Je part à mon tour en fou rire. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais visiblement les mandats sont partis. Je fini par lui dire en reprenant mon souffle.
-Je vois. Il a la trouille. Parfait. Je veux bien le recevoir. »

Malgré le froid, je saute vite de mon nid pour faire une rapide toilette en me gondolant de rire. Marcia m'aide pour aller plus vite. L'instigateur de mon propre assassinat vient me demander de fair cesser l'enquête, ou de la détourner, ou chose du genre. Dans le genre situation cocasse on ne fait pas mieux. Je m'habille d'une chemise de nuit propre et d'une robe de chambre bien chaude puis descends au salon au bras d'Oura'Nos qui me précise que mon repas m'y attends, tout comme mon invité surprise. Cette précision redéclenche un gros fou rire.
Nous nous reprenons en bas de l'escalier et un garde m'ouvre les portes du salon et annonce mon arrivée. Mon homologue instigateur est entouré par trois de ses gardes du corps, pose sa tasse de thé et se lève puis me demande avec un grand sourire:
« Comment va tu Orn ? Il est stressé. Je maitrise mon envie de rire et lui fait un sourire accueillant tout en le rejoignant.
- Mieux merci. Ca fait du bien de ne plus être en danger de mort. Qu'es ce qui t'amène ?
-Une urgence. Je suis accusé par tes services de couvrir toute une série d'enlèvement de paysans pour faire des expériences dessus. J'en conclu que les mandats sont partis. Je fait celle qui n'ai au courant de rien...
- Ah ? Je sent qu'il ne me dit pas tout et me doute qu'il ne me parlera pas de l'autre chef d'inculpation : tentative d'empoisonnement sur Ford et moi même.
-Tu n'est pas au courant ? Nous sommes trois membres de la cour concernés par ces accusations. J'ai fui de justesse une arrestation. Je ne sais pas si les autres ont eu cette chance. Je botte en touche. Après tout, je suis en arrêt donc pas au courant de tout...Je prends le temps de m'asseoir dans le fauteuil et Marcia glisse dans mes mains gelées une tasse de chocolat chaud. Je le hume et lui demande comme si je découvrai l'affaire :
- Non. C'est nouveau. Je me rétabli lentement d'une tentative d'empoisonnement Rtan. On m'a parlé de coma, d'avoir failli mourir, des choses du genre. Explique moi ça. Une petite pique sur le ton de l'évidence ne fait pas de mal.
- Comme je te l'ai dit, j'ai été réveillé tôt ce matin par tes anges qui voulaient m'interpeller car je couvrirai toute une série d'enlèvement de paysans pour faire des expériences dessus. Je fait une grimace de dégout et demande avant de boire une gorgée de ce succulent chocolat.
- L'accusation est atroce en effet. Tu n'en sais pas plus ? Il est sur le point de s'enerver. Je garde un air attentif et curieux.
- Pas possible. Ils voulaient m'arrêter je te rappelle. J'aurai fait comment une fois au Purgatoire ? Là je me réfugie derrière la procédure pénale car c'est plus simple.
- Je ne sais pas...Répondre aux questions avec l'aide de ton avocat qui va au passage chercher à comprendre ce qu'il se passe pour t'innocenter ?
- Orn...nous sommes tous pareil. Toi aussi tu fuis les arrestations. Ca t'arrive bien plus souvent qu'à moi. Il a raison ce coup ci. Je ne connais personne qui accepte de se faire arrêter or nous avons toujours des troupes à porte de main.
- Oui car c'est extrêmement désagréable et comme on me colle des délits politiques, ils sont bien plus compliqué à faire innocenter que ton histoire de couvrir des enlèvements et des expériences.
- Et comment me faire innocenter de tels crimes ? Je suis comme toi ou Ford. Attends toi à de gros troubles...sauf si tu m'aide.
- Je n'ai pas accès au dossier car suis en accident de travail. Je dort beaucoup en ce moment donc ne comprends pas trop. Comment pourrai je t'aider ? Il me dit sur le ton de l'évidence:
- Mais c'est évident Orn. Annule ces mandats, envoie tes anges sur des fausses pistes.
- Je peux demander des comptes à mes anges si tu veux. Ces mandats sont émis contre qui ?
- Moi, le professeur Omy'Kron Bagdad et l'évêque Hâz'Blöw Brest. Il y en a d'autres aussi avec des chefs d'inculpations plus directs.
- Si j'ai bien compris on a trois personnalités de haut rang issues de la même organisation politique qui sont accusées de couvrir des enlèvements et des expériences ? Il s'emporte. Espère t'il me faire peur ?
- Ne fait pas semblant de ne pas savoir Orn ! C'est revenu jusqu'à toi vu nos rangs ! Marcia récupère la tasse que j'étais en train de poser maladroitement  et m'approche le plateau en argent sur lequel son posées mes tartines. J'aime beaucoup la confiture de rhubarbe et j'ai vraiment très faim donc en prends une avant de continuer à botter en touche :
- Peut être que ça m'attends sur mon bureau au palais ou à l'état major. Je me rétabli d'un empoisonnement donc comment veut tu que je sois informée ? Je passe mon temps à dormir ou autres choses passionnantes du genre.
- Parce que sinon c'est un vice de procédure donc ne fait pas semblant de ne rien savoir.
- Sauf que les faits reprochés sont très grave et que je suis en accident de travail donc officiellement pas disponible ni en état. Le vice de procédure serait retenu pour des accusations moins graves. Il me réponds d'un  ton acerbe :
- Tu est informée maintenant. Fait quelque chose.
- Tu as piqué ma curiosité mais si je me renseigne maintenant cela sera suspect et mes anges iront démasquer ta manœuvre. Si tu est innocent va voir ton avocat rends toi et laisse le te défendre. Peut être que le dossier est bancal et il saura en tirer profit.
- Ma manœuvre ? Elle est tellement commune dans notre milieu. Je te demande juste un service entre frères d'armes. Pourquoi ne veut tu pas m'aider ? Il te suffit de vérifier le travail de tes subordonnés.
- Ce n'est pas la première fois que je reçois ce type de visite, et pas que de ta part mais si je demande des comptes maintenant cela ne fera qu'aggraver ton cas donc cela compliquera le travail de ton avocat. Tu as piqué ma curiosité donc j'irai vérifier ça mais qu'une fois que j'aurai repris mes fonctions. Je vais essayer de vite les reprendre vu que je me sent mieux.
- Tu me force à exercer des pressions Orn. Attends toi à des problèmes.
- Des menaces ? C'est flatteur Rtan mais si j'interviens maintenant je vais réellement compliquer la tâche de ton avocat. M'a tu tout dit ? Il s'emporte à nouveau :
- Evidement Orn! Je t'ai donné tous les éléments ! Il me ment, ça me déclenche une grosse nausée que je réprime difficilement avant de lui demander :
- Pourquoi ne t'ai tu pas laissé interpellé si tu n'as rien à te reprocher ?
- Pour les mêmes raisons que toi ou autre général ou colonel Orn ! Je me montre compréhensive :
- De toute façon le professeur Bagdad et l'évêque Brest doivent être en plein interrogatoire. Si vos innocences apparaissent, tu ne sera plus inquiété. Je te confirme que si je me renseigne maintenant je vais compliquer la tâche de ton avocat et tu sais à quel point je suis attachée à la véritée Rtan. Je dois donc me réfréner. Il vide sa tasse de thé en me disant :
- Tu as probablement raison sur ce point là. Je n'ai pas apprécié ce qui viens de me tomber dessus mais dois éviter de commettre une erreur. Repose toi bien et tiens moi au courant.
- Je pense qu'il y aura d'autres avancées dans les heures ou jours qui viennent donc te souhaite bon courage. Peut être qu'il ne s'agit que d'un mauvais moment à passer. Ton histoire m'a coupé l'appétit
- Et dans ce cas là je ne suis pas le plus à plaindre. Merci pour tes conseils et rétabli toi bien.»
Il me quitte avec l'ensemble de sa garde et je retiens mon fou rire jusqu'à ce qu'Oura'Nos me confirme qu'ils sont tous partis. Nous nous gondolons un bon quart d'heure, ça nous fait du bien. Cette journée commence mieux que prévue. Cette sensation de puissance fait toujours un bien fou. Je prends le temps de la savourer en même temps que mon petit déjeuner.