La visite de ma tante m'a fait du bien et je me suis rendormie comme une masse. Je me sent enfin mieux au réveil. Il ne me reste plus que la grosse et lourde fatigue donc j'ai envie de reprendre mon travail. Alterner siestes et travail me semble une bonne idée donc en parlerai avec les guérisseurs à leur prochaine visite.
J'entends une faible discussion dans le couloir : Oura'Nos parle doucement avec deux personnes. Je dresse l'oreille et reconnais les voix de deux de me subordonnés de l'Inquisition. Ils doivent venir pour l'enquête. Je brûle de savoir ou ça en est et me rappelle que je n'ai pas encore donné ma version des faits. Je me rappelle aussi que je voulais leur faire part de mes soupçons. Hier j'ai du être considérée comme trop faible par les guérisseurs donc ils viennent maintenant. Ca fait combien de temps déjà ? Seulement deux jours ? Ca me paraît une éternité.

Je me lève. C'est plus laborieux que ce que je pensais mais deux fois moins qu'hier, lorsque je pensais être capable de suivre et participer à la réunion. Qu'es ce qui m'a fait croire que j'aurai pu y parvenir ? Le bon côté des choses est que je sais qui sont les coupables, ça facilitera le reste. Je finirai bien par en faire chuter un, ou plus et placer au moins un des nôtres. L'ambiance que j'ai réussi à poser lors de cette réunion était géniale.
Qu'es ce qu'il fait froid hors des couvertures. Mon uniforme et une autre couverture doivent être dans l'armoire donc m'y traîne et me rends compte que si je veux travailler il faudra que je ne bouge pas trop, vraiment pas beaucoup. Sur le coup cela m'énerve mais me rappelle qu'un empoisonnement n'est jamais anodin donc que c'est à moi d'être patiente. J'enfile la veste de mon uniforme le plus rapidement possible mais je perds l'équilibre et tombe.

La porte s'ouvre brutalement et trois anges entrent. Par réflexe je me replie sur moi même, le temps que le vertige cesse et entends Oura'Nos me dire à s'accroupissant:
« Générale ? Que vouliez vous faire ?
-Rien, juste vous dire de rentrer.
-Pourquoi n'avez vous pas sonné ?
-Pour ne pas déranger les guérisseurs. 
-Pourquoi ne pas envoyer un coup contre le mur ?
- Ah oui...Pas pensé. »
Oura'Nos me prends dans ses bras pour me recoucher. Je reconnais la capitaine Lyn'Kaïl Ghôl et le lieutenant Kaäv'Man Bagdad, deux bons agents inquisitoriaux qui ne sont pas de mon bord...ou pas encore. J'ai tellement froid que je me blotti en frissonnant sous la couverture et entends Oura'Nos leur dire :
« Comme vous pouvez le constater, la générale à le moral mais est encore faible.
- Nous connaissons notre travail. Vous pouvez disposer sergent. Restez juste dans les parages. » Oura'Nos nous quitte en fermant la porte.
Je reprends mon souffle et me déplie un peu puis observe mes deux subordonnés. La capitaine s'est assise sur la chaise et me tends un verre d'eau et le lieutenant est assis au bord de mon lit puis ajuste le coussin derrière moi lorsque je m'assied pour prendre le verre d'eau en la remerciant d'une voix essoufflée. Après avoir vidé et rendue le verre à la capitaine je leur demande :
« Vous êtes venus prendre ma version ?
-De quoi vous rappellez vous ? » me demande t'elle.

Je lui raconte tout dans les moindre détail, y compris le goût du thé, y compris mes ressentis à ce moment là, y compris mes doutes. J'essaye d'empêcher ma voix de trembler car revivre une tentative d'assassinat est douloureux, j'essaye de ne pas pleurer car l'angoisse monte et je prends conscience que j'ai failli mourir. Je comprends que j'ai du me répéter lorsqu'au lieu d'approuver ce que je dis, de m'inciter à continuer, la capitaine pose sa main sur ma main valide et me dit :
« Merci générale.
-Hein ?
-Les faits sont clairs. Nous vous laissons vous reposer.
-Oui...je...c'est...mais éclate en sanglot alors que je voulais partager mes déductions.
-Comment vous êtes vous fait ça ? La question posée par le lieutenant me surprends donc cesse de pleurer pour demander :
-Quoi ? J'ai fait quoi ?
-Votre main.
-Hier. Le général Greënwitch est venu me voir pendant que je dormai et en attendant mon réveil s'est endormi sur la chaise. Il s'est réveillé en sursaut et s'est cru attaqué lorsque je me suis réveillée et que j'ai voulu me servir un verre d'eau donc m'a tordu le poignet en se sentant attaqué et à reçu un coup de poing réflexe de ma part car j'ai eu peur.
-Oui, c'est logique.
-Je me suis excusée et lui aussi. Je l'ai réveillé en sursaut et j'étais moi même mal réveillée. Nous en supportons les conséquences.
-Après ce qu'il vous ai arrivé c'est logique. Nous avons ce dont nous avons besoin. Soignez vous bien. » Ils se lèvent mais je les retiens en leur disant :
« Je suis allé hier à la réunion d'état major. Je n'ai pas réussi à y participer efficacement ni tenir jusqu'à la fin mais j'ai de gros soupçons à partager. »C'est réussi, ils cessent de vouloir sortir et leur résume cette savoureuse réunion dans les moindre détails. J'omet seulement la tranche de fou rire que j'ai partagé avec Oura'Nos dans le couloir et les nombreux fou rires que j'ai réussi à dissimuler.
A la fin la capitaine me dit :
« Cela reste encore entre nous mais vous confortez notre principale piste.
-Comment en êtes vous arrivés à cette hypothèse ?
-La méthode classique du croisement de témoignages indirects. Il y a toujours des langues qui se délient de façon détournées et incomplètes et ceux sont celles de membres du SLA ou de leurs sympathisants.
- Si cela peut vous remonter le moral général. Les troupes sont tendues depuis que le général Greënwitch et vous même avez été attaqués. La tension  était intenable toute la nuit, tant que nous ne savions pas si vous alliez survivre. Pour la sécurité des officiers membres du SLA , il valait mieux qu'au moins un de vous deux survive.
- A bon ? A ce point ? Plus qu'avant ?
- Visiblement. Personne n'essaye de vous tuer tous les deux à la fois et je doute qu'ils réessayent. Ils reviendront à l'ancienne méthode.
- Vous avez besoin de repos. Désirez vous quelque chose ? Voir un guérisseur ?
- Non. Juste de la soupe chaude et dormir. »

Ils me laissent. Je me roule en boule sous la couverture, bien cachée pour pleurer car j'ai vraiment encore une fois failli mourir, le contrecoup m'assaille donc j'étouffe mes pleurs et mes cris sous la couverture en me mordant la main, celle qui n'est pas blessée.
Oura'Nos me prends doucement dans ses bras en me chuchotant :
« Ca va...c'est juste un mauvais moment à passer...calme toi...mange. »donc cesse de pleurer puis mange la soupe qu'il m'a apportée après qu'il m'est nettoyé la main qui saignait un peu. Je le laisse me réconforter pendant que je mange puis m'endort après avoir pleuré un moment pendant qu'il ramène la vaisselle.