Je me réveille transie de froid donc me roule en boule par réflexe sauf que je le suis déjà et entends la voix de ma tante me dire :
« Tout va bien Orn, rendort toi. Je ne m'attendais pas à cette voix là, pas de bon matin en tout cas donc me réveille complètement, constate que la journée est bien avancée et le sourire soulagé de ma tante qui me dit :
-Tu te sent mieux ? Bois ça. Je suis transie de froid donc réponds par un claquement de dents car comprends que la fièvre est repartie à la hausse, et pas qu'un peu. Ma tante m'aide à m'asseoir et je bois le verre d'eau puis la potion qu'elle me tends dans la foulée. Je lui demande :
-J'ai dormi longtemps ?
-Un peu plus d'une douzaine d'heures. Te rappelle tu de quelque chose ? C'est quoi cette question ? Qu'es ce que j'ai fait hier déjà ? A oui, une visite à Phil'Nös, mon empoisonneur, l'ancien serviteur de Ford'Jerck qui devrait subir un autre interrogatoire aujourd'hui. Ca m'a plus séché  que ce que je pensais. Je ne peux pas lui parler de ça. Quoi d'autre ?...nous discutons stratégie autour de la table...la seconde théillère prête à l'avance...son arrière goût original mais qui se marie bien...la fatigue assommante...Bref, j'ai du revivre en boucle mon empoisonnement. Normal ça en fait, je fait souvent des cauchemars durant les premiers mois qui suivent une tentative de meurtre. Si des tentatives sont trop proches, j'en cauchemarde plusieurs sur la même période.
-J'ai eu le cauchemar. Plusieurs fois je crois. J'ai encore de la fièvre ? J'ai très soif et faim.
-Oui, elle est repartie à la hausse et tu as eu une nuit très agitée. Tu as hurlé de peur plusieurs fois, à failli attaquer le guérisseur qui est venu t'aider. Tu as besoin de soins et de calme. Je me fige et la regarde avec des yeux ronds comme des billes puis lui dit :
-A bon ? A ce point ? J'ai attaqué qui ? Comment ?
- El'Bam. Il est habitué tu sais. Tu n'est pas la seule à passer ce type de nuit. Tu était à moitié consciente, en proie à la fièvre et la peur. Il pense que tu dois te reposer d'avantage, vérifier que tu cesse de t'affaiblir. Cesser de m'affaiblir ? J'allais mieux, c'est juste que la ballade nocturne à été plus fatigante que prévue donc ils pensent que mon état se dégrade, j'aurai du m'y attendre. J'adore les plans qui se déroulent sans accrocs. J'avais prévu de me réveillée fatiguée mais avec presque pas de fièvre, rentrer chez moi envoyer discrètement quelques ordres et alterner siestes et réflexions sous la surveillance de mon cousin, de ma tante et de mes serviteurs. Pas aller aussi mal et inquiéter les toubibs, ce n'était vraiment pas prévu et ça va me retarder. Bon, j'aurai du m'y attendre car ce type de manœuvre me donne parfois ce genre de contrecoup, une fois sur deux environ. Mars'Ella à peut être raison lorsqu'elle me dit que je manque de patience, que je me surestime donc prends des risques.
- J'ai beaucoup de fièvre mais j'ai faim et soif. Je m'excuserai auprès du guérisseur car ça crains. Ma tante me donne une poire et deux pêches puis m'aide à m'asseoir en ajustant le coussin puis me dit :
- Ne t'en tiens pas rigueur. Les guérisseurs savent que vous avez des cauchemars ou des angoisses suite aux tentatives de meurtres ou certains combats. Tu prendra plus de temps pour te reposer. Je lui dit entre deux bouchées de pêche bien juteuse ;
- Oui, dés que j'arrive j'attaque une bonne sieste en espérant qu'elle sera bien bien longue, que je me sente mieux. Mais je devine que je ne vais pas rentrer de suite et elle me le confirme :
- Non, tu as fait une poussée de fièvre imprévue et en grelotte encore. Tu est bouillante. Ils veulent vérifier que tu n'est pas tombée malade, que ton état cesse de se dégrader donc tu reste ici. Il n'y a pas à dire, même si j'aurai du m'y attendre car Mars'Ella m'avait prévenue et qu'il me restai un peu de fièvre, j'aime les plans qui se déroulent sans accrocs. Comment puis je donner mes ordres à partir d'ici ? Risque pas d'avouer ce qu'on a fait cette nuit donc lui dit :
- Mais ils savent que ça m'arrive de temps en temps les dégradations bizarre alors que je commence à m'en sortir. Dit leur de ne pas s'inquiéter pour ça et reste prés de moi chez moi, comme d'habitude. Elle me tends ma poire que j'attaque aussitôt en grognant de frustration pendant qu'elle me réponds :
- Ils le savent. Vous êtes quelques uns à avoir ce défaut mais par précaution il vaut mieux que tu reste encore sous surveillance, comme ça si ça s'aggrave encore, ils peuvent intervenir plus vite. »
Je fini ma poire dépitée et grelottante avant de me pelotonner en râlant sous la couverture. Je devine sans difficulté que dans les quelques uns en question il y a Ford'Jerck, Gil'Naé et quelques autres officiers bien motivés et retors.

Je suis réveillé par un discrets bruit du type...des meubles qu'on déplace. Cela m'intrigue suffisamment pour que je me relève d'un bond, me provoquant un vertige et voit Oura'Nos et Jul'Neck installer une table et des chaises devant mon lit. Je retombe sur mon coussin en gémissant de surprise, ce qui attire leur attention donc mon cousin se rapproche pour me poser un linge humide sur le front et me dit :
« Ford'Jerck à insisté pour que vous mangiez ensemble à ton réveil. Jul'Neck va le chercher. Tu as encore beaucoup de fièvre.
-Comment va t'il ?
-Un peu mieux que toi vu notre virée de la nuit dernière. Il est au courant et s'y attendait. »
Je conclu par un sourire et m'assied plus calmement, sans me déclencher de vertige. Oura'Nos ajuste mon coussin et s'assure que j'arrive à accéder à mon bol de soupe sans difficulté. Je souri à Ford'Jerck qui entre dans la chambre pour me rejoindre à table. Il est trop pâle à mon goût, clairement fatigué et un peu fiévreux vu son regard. Jul'Neck l'aide à s'asseoir puis Oura'Nos nous sert tous les quatre et nous attaquons le repas. Ford'Jerck me lance un regard moqueur et me dit :
« Je suis au courant pour tes...conneries. Raconte moi.
-Si ce n'est pas moi, c'est toi qui les aurai faites. Ne dit pas le contraire.
-Sauf que je n'avait pas repris connaissance lors de la réunion d'état major et n'ai pas ton don pour ressentir la vérité. Il a raison sur ce point là, la seule qui peut s'offrir des visites au Purgatoire c'est moi. Pour la réunion...il aurai très bien pu avoir la même envie mais aurai loupé la moitié des indices.
-Même si tu t'étais réveillé à temps, il valait mieux que ce soit moi qui le fasse car les indices étaient très discrets mais j'avoue que tu as raté quelque chose. Pour la visite au puirgatoire, je suis la seule à pouvoir les légitimer et à avoir ce don.
-Raconte moi ça. » conclu t'il avec un grand sourire. Ca fait trois jours que je voulais partager ce savoureux moment.
Je lui décrit tout le déroulé sans rien omettre et Oura'Nos confirme d'un grand signe de tête assorti d'un grand sourire fier et moqueur. Mon homologue et frère d'arme me félicite pour ma parfaite gestion de la tension, la façon dont j'ai réussi à rentabiliser les nausées et vertiges, ma façon de communiquer durant cette unique heure durant laquelle j'ai tenu mais il souhaite qu'on travaille sur ma tendance à ne pas repérer quand je dois amorcer une retraite stratégique. Toujours ce point faible. Je n'ai jamais été douée pour ça car lorsque je fais un truc quel qu'il soit je suis à fond donc ne comprends pas rapidement quand es ce que je suis en danger. Ca m'arrive aussi sur le champ de bataille et il n'est pas le seul à penser que ça risque de me tuer si je ne me décide pas à y faire attention. Jul'Neck recentre la discussion afin que nous continuâmes à rire encore un peu.
Une fois la soupe engloutie, nous lui racontons notre virée au purgatoire. Je vois son visage se fermer, ses yeux lancer des éclairs donc pose ma main sur la sienne et lui dit :
« Je sais. C'était ton serviteur, j'aurai du aller juste à l'essentiel et te dire qu'il devrait mieux coopérer et qu'il a très peur.
-Pas grave. Je dois mieux gérer mes émotions. Cette manœuvre à du miner ton moral. Je ne dois pas te démoraliser d'avantage. Excuse moi. Au fait, as tu pensé à vérifier si c'est lui aussi pour le vin ? Il y a un peu plus de deux semaines, Ford'Jerck à été empoisonné en pleine réception organisée chez lui. Phil'Nös organisai le service et à nié en bloc lors de son interrogatoire. Je n'ai pas eu le temps d'aller l'interroger moi même et me rends compte que j'ai raté une occasion
-Je relirai le dossier et lui poserai la question un de ces jours. Je n'y ai pas pensé sur le coup mais ce n'est pas impossible que ce soit à nouveau lui et le SLA. J'étais au front à ce moment là donc n'ai pas pu l'interroger moi même. Je me rattraperai dans quelques nuits. Il me fait un sourire moqueur puis me dit :
-En effet. Laisse bien quelques jours ou nuits avant d'y retourner. Et m'adresse son sourire énigmatique, celui qui donne envie de lui poser des questions. Je le lui retourne et demande :
-Je dois profiter de la prolongation de mon hospitalisation pour aller fouiller moi même les bureaux des trois génies du SLA voire de certains de leurs colonels.
-Sûrement pas et pas seulement parce que tu est loin d'être en état. Nous allons faire fuiter que notre état s'est à nouveau considérablement dégradé, que nous sommes à nouveau en danger de mort. Je le regarde franchement surprise et lui demande :
-Pourquoi ? Nous allons juste démoraliser les troupes là.
-Es tu au courant que nous sommes encore plus soutenus qu'avant ? Que lorsque l'un d'entre nous est en danger de mort ça grogne dans les rangs et que c'est pire si nous sommes tous les deux en danger ?
-Oui. Il paraît que ça n'a jamais été aussi tendu. Les deux dernières fois c'était déjà chaud bouillant mais là c'est explosif. Je crois que je vois ou il veut en venir donc lui souri. Il continu :
-Exactement. Tu as récupéré les indices, facilité l'obtention d'aveux et payé le luxe d'instaurer la tension. A nous de la maintenir pendant une bonne semaine afin de nous rétablir tranquillement et ajuster en douce nos manœuvre tout en mettant en danger les commanditaires car nous allons aussi faire fuiter nos soupçons.
-C'est une bonne idée ça, nous nous reposerons plus sereinement si nous savons que nous avons mis les officiers et généraux du SLA en danger. Nous pourrons faire croire que l'enquête avance plus vite que prévue et tant pis si un des commanditaire se retrouve malencontreusement blessé ou tué.
-Il faudra prendre soin de bien nous dissimuler lorsque nous rentrerons chez nous et de ne surtout pas s'approcher des fenêtres ou sortir dans le jardin pendant au moins une semaine car un mourant ne quitte pas son lit. Nous pourrons affiner nos recherches et faire faire nos observations en toute discrétion.                              
-Nous quitterons l'hôpital en pleine nuit en nous faisant passer pour des cadavres, comme d'habitude. Ne pas sortir dans le jardin est faisable, le plus compliqué sera de ne pas s'approcher de nos fenêtre au cas où il y a un doute. J'approuve l'idée et pense qu'on va bien rigoler. »

Nous finissons notre discussion pliés de rire puis Ford'Jerck retourne dans sa chambre et je me rendort rapidement. La dernière chose que j'entends c'est la remarque qu'adresse Oura'Nos à Jul'Neck :
« Les guérisseurs vont approuver ce plan, ils seront obligés de se reposer pour qu'il fonctionne. » et un léger éclat de rire.