La réunion continue son cour. En me concentrant j'arrive à mettre de côté le froid et une partie de mes nausées. Je préfère rester discrète, me contenter de poser mon regard sur celui qui s'exprime, comme d'habitude. J'aurai besoin de mon rapport pour le point suivant, ça me donnera une occasion d'avoir l'avis d'Oura'Nos ou au moins de le faire rire.
Au moment ou le roi introduit le point sur la sécurité intérieure, je leur dit simplement :
« J'ai oublié mon rapport. Je reviens. Et me lève plus difficilement que ce que je pensais. C'est suffisamment visible pour que Roll'Ntroll me conseille :
-Vous ne préférez pas que j'envoie quelqu'un vous le chercher ? Et constate que la moitié de la salle partage son conseil. C'est mon cousin qui a mes rapports, les deux rapports dont j'ai la responsabilité et il doit être en train de m'attendre donc commence à m'éloigner en disant :
- Il n'est pas loin, j'en ai pour cinq minutes.
- Dans votre état ? Vous en êtes sure ? insiste Roll'Ntroll.
- Oui. »

je sort lentement de la salle en m'appuyant sur les dossiers des fauteuils et le mur car mes jambes tremblent et que j'ai une envie de rire...que j'arrive quand même à réprimer. Je ferme la porte et résiste à mon envie de tendre l'oreille : si une sentinelle passe au mauvais moment ça me poserai problème et appelle discrètement mon cousin. J'entends des pas rapides puis le voit. Il me demande aussitôt comment je vais, sans mettre les formes d'usages.
J'élude la question pour lui résumer cette première demie heure. Heureusement que nous marchons car il est plié de rire et moi aussi. Je me retrouve rapidement sur le sol à me gondoler car j'ai perdu l'équilibre et lui se retiens au mur : c'est limite à celui qui rit le plus fort. Ces horribles nausées couplées au souffle court me font vite cesser et je séche mes larmes lorsque j'entends dérrière moi la voix du capitaine Ghôl me demander, clairement surpris de me croiser :
« Général Lagos ? Que...vous vous sentez mal ? Et me tends sa main pour m'aider à me relever.
-Ca va. Merci.  Mon souffle court et ma voix faible le font douter donc lui précise :
-Je vous remercie de notre part car d'après les guérisseurs nous aurions du mourir rapidement.
-C'est normal général. Nous avons trouvé étrange vos absences de réponses alors que vos bureaux étaient allumés. J'accepte sa main et celle d'Oura'Nos pour m'aider à me relever.
-Merci beaucoup. Transmettez mes remerciement au capitaine Orgon. On m'attends. » et montre la salle de réunion du menton, ce qui le surprends même s'il a tenté de le cacher. Réflexion faîte, il devait me penser soit morte soit encore à l'hôpital.

Je me rappelle que ça va être douteux que je mette autant de temps à revenir. Quoique s'ils pensent le rapport dans mon bureau, vu ma fatigue, ça devrait passer pour normal. Nous retournons à la porte et colle mon oreille à celle ci. Oura'Nos guette et j'entends des brides de discussions. Bingo ! Ils parlent de nous donc me concentre.
Je comprends plusieurs choses : La plupart d'entre eux trouvent que je me rétabli vite mais aussi que les généraux issus du sentier lumineux nous auraient préféré morts et Ibn'Etamos semble discrètement frustré par notre survie : es ce lui qui a fait le coup ? Ce serai le SLA qui nous aurai fait ce délicieux thé fumé à la cigtue et à l'opias ? Es ce en lien avec ce que j'ai découvert durant mon enquête ? J'y réfléchirai plus tard mais j'ai cette impression. Mon don ne me trompe pas. Les membres du SLA m'auraient préféré morte.

Je recule pour chuchotter à Oura'Nos : « SLA » lorsque la porte s'ouvre et voit Rtan'Heinz, un autre général issu du SLA me regarder et me demander :
« Nous nous inquiétions Orn. Tu va bien ? Il est sérieux là ? Il ment tellement mal que je me racroche à mon cousin à cause d'un violent vertige et d'une grosse nausée et j'y réponds :
-J'ai retrouvé mes rapports. Mais le sent soupçonneux, son attitude le trahi et il plante son regard dans celui du sergent Lagos qui lui dit :
-J'ai croisé la générale Lagos dans le couloir. Je lui apportait ses rapports. Rtan'Heinz pose sur moi un regard compatissant puis ordonne au sergent :
-Donnez les moi et rompez. » Puis me tends son bras. J'hésite puis le lui prends pour éviter qu'il ne sente quoi que ce soit et nous retournons dans la salle. Je rentre donc dans la salle en m'appuyant sur le bras du commanditaire de mon assassinat. Ou d'un des commanditaires de celui ci. Il n'y a qu'à moi que ça arrive des trucs comme ça. Je régule ma respiration pour éviter de rire et sent mes jambes trembler donc me concentre sur mon équilibre et pour m'y aider, plante mon regard dur dans les yeux des autres généraux mais aussi du roi. Il n'y a aucune raison qu'il ne se sente pas potentiellement coupable celui là. Tout le monde reste silencieux jusqu'à ce que je soit de retour à ma place, les deux rapports posés devant moi par l'instigateur, ou l'un d'eux, de cette tentative d'assassinat.

Le roi réintroduit le point sur la sécurité intérieure et Gil'Naé me ressert du thé puis je lit mon rapport.
C'est plus fatiguant que prévu, je manque d'air à tout bout de champ et ma voix est faible. Cela rajoute à nouveau de la tension me redonnant à nouveau envie de rire : j'aime bien poser moi même l'ambiance et Ford'Djerk va adorer.On a toujours besoin de rire lorsqu'on va mal. Je ne dois pas penser à lui, pas maintenant.
Je prends donc mon temps sur ce premier rapport en vérifiant que mon comportement soit le même que d'habitude puis laisse la discussion se lancer.
Sauf que là...je me sent mal, vraiment mal à nouveau. J'ai déjà trop forcé ? Le froid me paralyse, ma vue se brouille, les sons se mélangent, les nausées sont intenables et ce mal de crâne...j'ai beau réguler ma respiration et me masser les tempes, ça ne marche pas, ne marche plus. Je demande du sucre à voix basse à Phaä'Linéa qui est assise à côté de moi. Elle me demande de répéter puis me le tends en me demandant ce que je craignais :
« Tu te sent mal ? » et met elle même une grosse cuillère de sucre dans mon thé. Sa question interrompt la discussion donc tout le monde me regarde. Je vais mal, vraiment mal donc la laisse mélanger mon thé et réponds vaguement  d'une voix vraiment faible:
« Je me sent faible. Le sucre va m'aider. Et boit une gorgée de thé trop sucré d'une main tremblente.
-Tu devrai aller te reposer. Ne bouge pas. Tu m'entends ?
-Oui...Désolée. Juste du thé sucré puis j'irai mieux. » C'est vite dit ça...je dois surtout battre en retraite vite fait bien fait. Je risque de m'évanouir débilement et ne comprends plus la moitié de ce qu'il se passe. Ca bouge autour de moi. Je sent deux mains m'attraper les épaules et sent Phaä'Linea prendre mon pouls. J'entends dérrière moi la voix de Roll'Ntroll me dire fermement :
« Appuie toi contre le dossier, ne bouge plus et ne ferme pas les yeux. » J'obéi d'instinct et plante mon regard dans le sien, enfin ce que j'en perçois.
Je sent que la plupart d'entre eux sont inquiets donc préfère ne plus rien dire, m'économiser et je comprends qu'on a demandé un guérisseur. Je n'arrive plus à dissimuler mes nausées, ni mes tremblements et ce thé trop sucré ne me réchauffe pas alors qu'il me paraît chaud. Sentir que les généraux du SLA font semblant d'être inquiet ne m'aide pas car cela me rajoute du mal être. Ils espèrent que j'ai réellement plus que trop forcé, ça transparait. Phaä'Linéa m'aide à boire mon thé et m'y encourage. Il n'est pas aussi éfficace que prévu. Pourquoi ? Qu'es ce que j'ai fait encore ?

Mars'Ella et Oura'Nos apparaissent subitement devant moi ainsi que deux soldats avec un brancard.
Je leur fait un petit sourire entre deux nausées et claquement de dents car ce froid est horrible. Elle me prends le pouls en me demandant ce que je ressent pendant qu'Oura'Nos déplie sur moi une couverture en m'en promettant une seconde, dans le brancard. J'essaye de répondre à la guérisseuse, ça donne un long gémissement. Les soldats me posent sur le brancard, j'essaye de m'accrocher à eux car cela me donne un gros vertige. Oura'Nos m'enveloppe mieux dans la première couverture avant de déplier la seconde et les dernières choses que j'entends sont Mars'Ella expliquer sur un ton professionnel :
« La générale à trop présumé de ses forces. Elle se reposera quelques jours, une bonne semaine et vous donnera de ses nouvelles. Et le roi me dire :
-J'apprécie votre dévouement mais évitez que celui ci ne raccourcisse votre carrière en facilitant la tâche de vos ennemis. » Une phrase pleine de bon sens mais je ne sais pas s'il s'agit d'un conseil ou d'une mise en garde : les deux ?
J'essaye d'y réfléchir en chemin en regardant tour à tour Mars'Ella à ma droite et Oura'Nos à ma gauche mais...pas moyen, je perds connaissance bien avant.